Mon enfant a été agressé

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Cela fait tout juste un an aujourd’hui… Un an que mon enfant a été agressé.

Il y a un an, nous marchions tranquillement vers l’école, il était à peine 8h et en ce matin de décembre, le jour ne s’était pas totalement levé. Pucette et moi étions seules sur cette grande avenue que nous  parcourons chaque matin. Dans sa main gauche, elle tenait son doudou et des sablés de Noël que nous avions confectionné la veille pour les enfants de sa classe. Dans sa main droite, elle tenait la mienne.

En un quart de seconde, tout a basculé. Un homme immense s’est dirigé vers nous d’un pas vif. Il avait l’air terriblement déterminé et je me souviens d’avoir, d’instinct, serré très fort la main de ma petite fille. Mais je n’ai pas suivi cet instinct, j’ai continué à marcher. Je n’aurais jamais imaginé qu’il s’en prendrait à elle. En une seconde il a foncé sur nous, et d’un coup de pied, l’a frappé en plein visage. Elle a été projetée au sol, son doudou a volé, les sablés de noël se sont éparpillés. Elle avait tout juste trois ans et à cet instant j’ai su que pour nous deux plus rien ne serait jamais comme avant.

Elle a eu la chance, en ce mois de décembre, d’être bien couverte et d’être un peu protégée par son écharpe et son bonnet. Elle s’en est tiré avec un hématome assez léger. Psychologiquement, cela a été plus long. Elle a très bien verbalisé son agression, ce qui est positif. Elle a expliqué à son papa, ses grands-parents, sa maîtresse, sa pédopsychiatre, avec ses mots à elle. Elle a dessiné son agresseur (en lui faisant 9 pieds !). Mais elle a longtemps eu l’appréhension de sortir dans la rue, de savoir où se trouvait cet homme, et surtout, surtout, elle voulait comprendre pourquoi. Pourquoi il s’en était pris à elle et comment il avait pu ensuite s’en aller en riant. J’ai essayé de répondre le plus précisément possible à ses questions, je l’ai tenue au courant de l’arrestation de son agresseur, et je ne lui ai pas caché mon émotion immense face à cette injustice. Et c’est peut-être cela finalement, qui l’a le plus déstabilisée ce jour-là : voir sa maman pleurer.

Quel est ce monde dans lequel nos enfants peuvent être ainsi agressés, au petit matin en allant à l’école ? Il n’y a rien de pire pour un parent, que de se retrouver ainsi incapable d’agir, le souffle coupé par cette violence gratuite, et de ne pouvoir empêcher quelqu’un de s’en prendre à ce que vous avez de plus cher.

L’agression a duré à peine 3 secondes, mais nous avons mis des mois à nous en remettre. Pucette a longtemps perdu cette insouciance et cette légèreté qui la caractérisait. Aujourd’hui encore, j’appréhende de me retrouver dans une foule. Je regarde en permanence autour de moi, je ne suis pas sereine. Mais j’essaie de ne pas transmettre cette angoisse à ma fille. Je suis hyper vigilante dans la rue, et je dois me faire violence pour la laisser courir devant moi, pour ne pas la rattraper systématiquement. Je veux qu’elle retrouve ce sentiment de sécurité et de bien-être que tout enfant de 4 ans devrait ressentir.

Surmonter cette épreuve

A tous les parents qui malheureusement se retrouvent dans cette situation, je conseille un livre d’Hélène Romano : « quand la vie fait mal aux enfants ». Il évoque plusieurs situations traumatisantes pour les enfants, et donne des clés pour les surmonter. En tant que parent, ne négligez pas non plus votre traumatisme, car vous êtes vous aussi une victime et la guérison est longue. Il n’y a pas de solution miracle. De mon côté, j’en ai beaucoup parlé avec mon entourage, et j’ai pris des cours de self défense, pour me sentir moins démunie et reprendre confiance en moi.

Petit à petit nous surmontons cette épreuve, et la vie reprend son cours… Je pense que c’est la meilleure réponse que nous pouvons donner à ces actes de violence qui malheureusement sont de plus en plus courants : refuser de les laisser gâcher notre vie, et continuer de croire profondément en la tolérance, l’amour et l’ouverture, en ces valeurs que je continuerai de transmettre à mes enfants pour qu’ils deviennent de belles personnes. Tous les matins, nous continuons Pucette et moi à parcourir cette grande avenue, mais désormais mes yeux sont grands ouverts, mes sens en alerte, et je reste à l’écoute de cet instinct de maman qui au fond ne nous trompe jamais.

 

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